Page:Mémoires de Grégoire, ancien évêque de Blois.djvu/15

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doute avec un profond retour sur lui-même qu’il répétait souvent : « Je ne conçois pas que l’on puisse être honnête homme sans religion. » Rendons hommage des effets à leur cause, et rappelons-nous d’ailleurs que ce révolutionnaire, aux opinions si chaleureuses et si absolues, fut le plus tolérant des hommes dans la pratique de la vie. Cette tolérance, il la portait jusqu’à un degré inimaginable ; on eût dit qu’il y avait chez lui prédilection pour ses adversaires, tant il entourait de soins paternels tous ceux qu’il croyait égarés ; Israélites, protestans, anabaptistes, il semblait les aimer à cause de leurs erreurs, comme le philantrope aime de préférence ceux qu’il trouve les plus malheureux. Tous les parias de la société eurent en lui un constant défenseur : au début de sa carrière, il s’efforça d’améliorer le sort des Juifs, des catholiques irlandais, des nègres, des domestiques ; les mêmes pensées ont préoccupé ses derniers momens.

Grégoire avait vu dans la révolution française l’application des préceptes de l’Évangile aux relations politiques : Bourdon de l’Oise le caractérisa parfaitement, lorsqu’il lui reprocha, au club des Jacobins, de vouloir christianiser la -