Page:Mémoires de Grégoire, ancien évêque de Blois.djvu/182

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mesure, commandée par la nécessité, ne permet plus aucun délai ; si quelqu’un était encore intimidé par des menaces, subjugué par des promesses, ébranlé par des espérances, on n’y pourrait voir que lâcheté, hypocrisie ou ineptie : quinze ans d’expérience ont dû détromper les yeux les plus fascinés : et d’ailleurs l’opposition active ou passive de quelques hommes peut-elle contrebalancer le vœu général, qui, dans les départemens, demande un ordre de choses avoué par la justice ?

« L’intérêt des autres peuples coïncide parfaitement avec le nôtre ; car quel gouvernement pourrait traiter avec un homme pour lequel rien n’est sacré, dont la politique épuise tout ce que peuvent inventer la fourberie et la perfidie ! S’il restait un cabinet qui pût encore se confiera ses promesses, à ses sermens, ce cabinet (disons-le sans détour et sans réserve), ce cabinet serait le type de la stupidité la plus incurable ; la paix avec un homme dévoré du besoin de nuire et d’opprimer ne serait jamais qu’un armistice, pendant lequel son orgueil, aigri par les revers, aiguiserait de nouvelles armes pour recommencer le carnage, dès qu’il croirait entrevoir la probabilité d’un succès ; son existence seule menace celle de tous les gouvernemens.

« Dans l’impossibilité d’émettre collectivement son vœu, la nation aurait pour organe le Sénat, si ce corps n’était réduit à la nullité. Après avoir accepté les fers