Page:Mémoires de Grégoire, ancien évêque de Blois.djvu/198

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du 29 mars 1815, avait prononcé l’abolition de ce sanglant trafic ; mais Grégoire insistait surtout pour faire sanctionner ce décret par une loi nationale : on ne nous saura pas mauvais gré de citer textuellement sa lettre :


« Représentans de la nation.


« Un ancien ami de la liberté qui, pour la défendre à la tribune nationale, éleva souvent la voix lorsqu’il y avait du danger et conséquemment du courage à parler, réclame près de vous un acte de justice qui sera simultanément un acte de sagesse politique.

« La constitution présentera une lacune affligeante, si vous ne déclarez solennellement que la traite des nègres est pour jamais abolie.

« Le traité avec l’Angleterre en 1814, stipulait que pendant cinq ans encore des Français pourraient faire ce commerce du crime et de l’esclavage. Cet article a soulevé toutes les ames en Angleterre ; plus de trois millions de signatures ont appuyé les pétitions addressées au parlement britannique contre cette clause scandaleuse. D’un autre côté elle a révolté les habitans libres de Saint-Domingue, déjà très aigris contre la France. Dès ce moment les Haïtiens, aguerris sous la conduite de chefs expérimentés, ont pris une attitude menaçante et juré de dé-