Page:Mémoires de Grégoire, ancien évêque de Blois.djvu/202

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d’existence, en suspendant sa pension d’ancien sénateur, au mépris de la charte octroyée par le roi qui disait n’avoir jamais promis en vain[1].

Mais les persécuteurs avaient affaire à un homme qui possédait en lui les garanties les plus puissantes contre la misère, peu de besoins et moins d’orgueil encore. Grégoire vendit une partie de sa bibliothèque, comme il avait été déjà obligé de le faire en 1799 ; il restreignit ses dépenses ; mais s’il ne se plaignit point, les pauvres auraient pu se plaindre, car la charité absorbait une grosse part de son revenu. Enfin, de guerre lasse, ou de retour à des sentimens plus justes, on mit un terme à ce scandale, en retenant toutefois un arriéré de quelques années sur les pensions restituées ; Grégoire, tenace en toutes choses, et ne voulant jamais céder un pouce de terrain, apposa sur ses quittances, sur la dernière même qu’il écrivit au lit de mort, cette formule conservatrice de ses droits, et que nous citons parce que le fait est caractéristique : « Sans préjudice de ce qui m’est redu pour deux ans et trois mois, dont je n’ai rien perçu, et

  1. Proclamation de Louis XVIII, datée de Cambrai.