Page:Mémoires de Grégoire, ancien évêque de Blois.djvu/230

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« Une autre considération est tirée du sacerdoce que vous remplissez. Personne ne doute des services importans que peuvent rendre vos rares connaissances pour les affaires de l’église catholique ; mais ce n’est pas à la tribune, ce n’est pas au milieu du choc violent de toutes les passions politiques que votre voix peut être utile à la cause que vous plaidez avec tant de chaleur. Craignez plutôt de faire tourner les haines de parti contre les intérêts de la religion que vous professez. J’oserai d’ailleurs vous le dire, parce que, à cet égard, l’opinion de ma mère me donne une confiance que je ne saurais avoir dans mes propres idées, il y a quelque chose d’incompatible entre le ministère calme d’un prédicateur de l’Évangile et les guerres de partis dont une assemblée est le théâtre. Aussi voyons-nous qu’en Angleterre[1] et en Amérique, dans les deux pays du monde où il y a à la fois le plus de liberté politique et le plus de sentiment religieux, l’usage, si ce n’est la loi, exclut les ecclésiastiques de la représentation nationale.

« Telles sont, monseigneur, les observations que j’ai cru presque de mon devoir de vous soumettre. Quelque impression qu’elles fassent sur votre esprit, j’ose espérer du moins que vous verrez dans la franchise de cette lettre un hommage rendu à votre amour pour la vérité.

  1. Erreur ; il y a le banc des évêques. — (Note écrite en marge par Grégoire).