Page:Mémoires de Grégoire, ancien évêque de Blois.djvu/229

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ont éprouvée les patriotes même, qui rendent le plus juste hommage à ce que l’humanité doit depuis plusieurs années à votre zèle philantropique.

« Votre nom retrace à une foule d’hommes à la fois honnêtes et timides, des souvenirs qui les effraient, et qui inquiètent la génération nouvelle, à qui les passions funestes d’une autre époque sont devenues étrangères.

« Vous ne pouvez pas ignorer l’alarme et l’irritation que votre nomination inspire à toutes les puissances étrangères. Les plus modérées d’entre elles nous considèrent comme un peuple de pestiférés qu’il faut entourer d’une triple barrière de forteresses et de baïonnettes. Ces puissances nous menacent toutes : le moindre prétexte peut leur suffire, et la France n’a aucun moyen de leur résister.

« À ne considérer que nos affaires intérieures, le résultat inévitable de votre présence dans la Chambre sera de diviser les amis de la liberté, de doubler par la colère la force du côté droit, de rejeter vers les ultras tous ceux qui s’en distinguent encore par quelques nuances, et de forcer le ministère à rechercher ou à accepter du moins leurs déplorables applaudissemens. Le désir de servir la liberté de leur pays a sans doute porté les électeurs de l’Isère à vous donner leurs voix. Vous feriez preuve, monseigneur, d’un patriotisme plus éclairé que le leur, en refusant, dans l’intérêt même de cette liberté, la place qui vous est offerte.