Page:Mémoires de Grégoire, ancien évêque de Blois.djvu/261

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dut le détromper plus promptement que bien d’autres sur l’avenir que semblait promettre à la France son nouvel effort révolutionnaire. Ne vit-il pas dès le lendemain siéger dans les conseils du gouvernement, armés d’une funeste influence, plusieurs des hommes qui s’étaient montrés ses plus ardens persécuteurs ?

Une heure de sainte jouissance fut néanmoins réservée au vieillard qui avait survécu à tant d’orages. Il put embrasser, après quinze ans de bannissement, quelques uns de ses anciens amis ; mais combien d’autres, que son regard cherchait vainement, manquaient à cette fête de famille !

On avait cédé aux exigences de l’opinion publique en rendant à la France ceux des proscrits que n’avaient point tués la douleur, la misère et les climats étrangers ; mais, tandis qu’aucun souvenir de reconnaissance nationale n’était adressé aux illustres victimes qu’avait dévorées la terre d’exil, ceux-là ne rentraient eux-mêmes dans leur patrie que comme des amnistiés. Il y eut une chambre des pairs, un sénat ; et les noms de Sieyes, de Grégoire, de Thibaudeau n’y figurèrent point, lorsque le fils de Philippe d’Orléans s’asseyait sur