Page:Mémoires de Grégoire, ancien évêque de Blois.djvu/266

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hommes à qui seront livrées nos destinées. À Dieu ne plaise que j’aie contre eux aucune aigreur ; ce sentiment est étranger à mon cœur, à mes principes, et j’éprouve un vif désir de trouver l’occasion de faire du bien à ceux qui m’ont fait tant de mal ; ce qui m’intéresse essentiellement c’est le sort de ma patrie. La victoire remportée par l’héroïsme français est admirable ; un pacte social qui garantisse toutes les libertés doit en être le résultat. Parmi les hommes chargés de cette tâche, j’en vois d’éminens en talens, en vertus ; mais il y a déjà l’ombre au tableau. Vétéran d’âge et d’expérience, je suspends mon jugement. Cette lettre commencée à Passy, et que j’achève à Paris, a été sept ou huit fois forcément interrompue ; griffonnée à la hâte, c’est une marqueterie de pièces incohérentes. J’aurais bien d’autres observations à vous présenter : elles pourront être l’objet d’une autre épître.

Les nations sont solidaires et ne forment en droit qu’une famille. Je fais aussi des vœux pour le Portugal, et j’aime à espérer qu’un jour il profitera des lumières et du courage de l’homme estimable à qui je réponds, et que j’embrasse cordialement. »


L’ombre ne fut pas long-temps sans couvrir le tableau. L’homme de juillet, Lafayette, traité avec la plus noire ingratitude dans la Chambre des députés, à l’occasion d’un projet de loi sur