Page:Mémoires de Grégoire, ancien évêque de Blois.djvu/315

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L’Église gallicane, qui, par les vertus et la science était, du temps de Bossuet, l’une des plus illustres de la catholicité, est présentement envahie par l’ignorance et l’ultramontanisme. On conçoit les préventions, l’aversion, la haine du clergé qui domine la France actuelle contre les évêques et les prêtres assermentés, qui, à travers la tempête d’une persécution inouïe dans les fastes de l’Église, ont conservé le dépôt sacré de la religion. Sans leurs efforts, l’Église catholique eût été peut-être à jamais exilée de la France ; ils furent les instrumens dont Dieu se servit pour l’y maintenir. Malgré les fureurs dirigées contre eux, ils rétablirent le culte ; en sorte que 52,214 paroisses, presque toutes desservies par des prêtres assermentés, avaient, en 1796, l’exercice public du culte, quatre ans avant le concordat de Bonaparte, auquel l’adulation a voulu très maladroitement faire honneur de ce rétablissement. Ils tinrent des sinodes et des conciles sous les yeux de leurs ennemis.

Une persécution d’un autre genre est présentement dirigée contre eux par le clergé émigré rentré. Plusieurs fois il a refusé les honneurs funèbres à des ecclésiastiques assermentés, tandis qu’il accordait les funérailles chrétiennes (à Saint-Benoît de Paris) à l’astronome Lalande, athée déclaré, et (à Saint-Sulpice) à Volney, mort décidément incrédule. Qui sait si le même clergé n’outragera pas, jusque dans le cercueil, celui qui rédige ce codicile !