Page:Mémoires de Grégoire, ancien évêque de Blois.djvu/324

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leur plume ; c’est prononcer l’anathème contre Xénophon et d’autres historiens de mérite. Mais les hommes sont-ils dépravés à tel point que toujours la passion fasse taire la raison ? L’histoire ne serait plus qu’un ramas d’ouï-dire impossibles à vérifier, si pour l’écrire on attendait que la trace fugitive des causes et des effets soit perdue dans le silence des contemporains, si la mort avait moissonné tous les témoins qui peuvent composer une sorte de jury capable de prononcer sur les faits qu’on énonce.

Dans le siècle dernier fut publié un ouvrage sur les grands événemens occasionés par de petites causes, et l’auteur n’y a pas oublié sans doute les guerres excitées par le sceau enlevé de Bologne, la fenêtre de travers que Louis XIV fit observer à Louvois, la paire de gants de la duchesse de Marlborough au temps de la reine Anne. Au lieu de deux volumes sur ce sujet, on pouvait en faire cent. Remontez au principe générateur des révolutions et des effets les plus étonnans dans les annales de tous les peuples, est-ce autre chose qu’une analyse des infiniment petits ?

Quand on lit les mémoires particuliers :

A-t-on connu les personnages ? On aime à voir si les portraits sont d’après nature. Ne les a-t-on connus que par la renommée ? À travers ses récits contradictoires on