Page:Mémoires de Grégoire, ancien évêque de Blois.djvu/329

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vous force à me lire ? mais si vous lisez, démentez, s’ils sont controuvés, les faits que j’allègue.

Montaigne raconte gravement à ses lecteurs qu’il préfère le poisson à la viande, qu’il aime à se gratter, qu’il a de grandes moustaches, qu’il ne peut marcher à pied sans se crotter, etc. ; puisqu’on lui pardonne ces détails et d’autres plus triviaux, c’est une preuve qu’ils sont rachetés par un mérite éminent ; mais l’auteur des Essais n’a légué a personne son talent d’associer des récits naïfs à des réflexions profondes.

Marmontel a rédigé, dit-il, ses Mémoires pour l’instruction de ses enfans ; si tel fut son but, que penser d’un père qui les appelle à un cours de galanterie ? et cependant il y a loin encore de là au cynisme corrupteur des Confessions de J.-J. Rousseau et des Mémoires de madame Roland. Je n’entendis jamais un propos libre sortir de la bouche de cette dame : comment put-elle réserver au public des détails licencieux, dont sa conversation n’était pas souillée ? heureusement je puis être vrai sans blesser la décence, car j’écris une histoire et non un roman.

J’écris sous les yeux de celui qui voit tout et dont la providence tutélaire m’a comblé de grâces. À l’adoration j’unis l’amour et la reconnaissance. Dans ce bas monde