Page:Mémoires de Grégoire, ancien évêque de Blois.djvu/383

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connais aucun qui soit vraiment encyclopédique, aucun qui, même en se bornant à une branche des connaissances humaines, embrasse le cercle entier des faits et des travaux contemporains ; et, quant aux voyages, il est beaucoup de gens de lettres qui n’ont pas le goût, le loisir, l’argent, la connaissance des langues nécessaires pour les faire utilement.

Les Français sont la nation qui cultive le moins les langues : semblables au gentilhomme qui, à défaut de mérite, se targue de celui de ses ancêtres, il vivent sur l’antique réputation de leur littérature, et sont d’une ignorance grossière sur la littérature étrangère, quoiqu’ils se placent modestement au premier rang, tandis qu’on pourrait leur contester même le troisième.

Mes correspondances dans diverses contrées des deux mondes, mes réunions hebdomadaires de savans étrangers et nationaux, sont pour moi une source intarissable de jouissances pour l’esprit et pour le cœur. Que de secours littéraires on se procure par ce moyen ! combien il est puissant pour faciliter la circulation rapide des découvertes, révéler les plagiats et saisir les forbans ! Au lieu de l’orgueil, toujours compagnon de la bassesse, que les écrivains aient le sentiment de leur dignité, que, rougissant enfin du rôle d’adulateurs, ils aient le courage de se placer en avant de leur siècle pour en fronder les abus et