Page:Mémoires de Grégoire, ancien évêque de Blois.djvu/386

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bituels de leurs vertus, de leurs bienfaits, dans tous les cahiers réclamèrent en leur faveur.

Nommé aux États-Généraux, j’arrive à Versailles ; le premier député que je rencontre est Lanjuinais ; le premier engagement que nous contractons ensemble, c’est de combattre le despotisme. Dans mon Histoire de la religion pendant le cours de la révolution, j’ai consigné les détails de ce qui eut lieu dans la salle du clergé ; c’est la dernière assemblée politique de ce corps. Là, pendant deux mois, s’établit une lutte entre les évêques et les curés. Ceux-là avaient de l’astuce, ceux-ci de la loyauté et du courage ; ceux-là combattant contre, et ceux-ci pour le vote par tête et la réunion des ordres. J’accélérai cette réunion par une brochure de quarante pages, sous ce titre : Nouvelle lettre aux curés, écrite avec une sorte d’impétuosité, et dans laquelle je dévoilais sans ménagement les intrigues du haut clergé et de la noblesse ; j’y prédis que, si le bonheur luisait sur l’horizon de la France, il sortirait du sein des orages. Les orages ont éclaté ; quand arrivera le bonheur ? Cet écrit, réimprimé dans les provinces, y fut répandu avec profusion. Le jour qu’il parut à Versailles, il fut lu à un dîner d’une quarantaine de députés du Tiers-État qui, à l’issue du repas, Émery à leur tête, vinrent simultanément féliciter l’auteur ; et, comme il y avait beaucoup d’agitation dans