Page:Mémoires de Grégoire, ancien évêque de Blois.djvu/388

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

teau, où sur-le-champ nous aurions été entourés et protégés par le peuple ; et peut être qu’avant vingt-quatre heures révolues, les boulets eussent attaqué le repaire de la cour. Il y a peu de temps que j’ai voulu la revoir cette salle du Jeu de Paume où sont accumulés des souvenirs de courage et de gloire : attendri à cet aspect, et déchiré par celui des contrastes que présentent des événemens postérieurs, j’y ai versé des larmes brûlantes et de joie et de désespoir ; si jamais mon horreur du despotisme pouvait, je ne dis pas s’éteindre, mais s’affaiblir, pour la rallumer je tournerais mes regards vers ce coin de terre à jamais mémorable. Il ne sera point exécuté ce tableau du Jeu de Paume, digne du pinceau de David, conception vaste dont il avait tracé l’esquisse. Pour ériger des monumens de tyrannie ou d’adulation, l’argent ne manque jamais..... Jamais on n’en trouve pour ceux qui intéressent la liberté et la gloire du peuple ; mais dans l’un et l’autre cas, c’est le peuple qui paie. Quant à David, nous ne parlons que du peintre et non de l’homme ; il doit nous en savoir gré.

Trois jours après le serment du Jeu de Paume, se tint la séance royale. La veille au soir nous étions douze à quinze députés réunis au Club breton, ainsi nommé parce que des Bretons en avaient été les fondateurs. Instruits de ce que méditait la cour pour le lendemain,