Page:Mémoires de Grégoire, ancien évêque de Blois.djvu/389

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chaque article fut discuté par tous, et tous opinèrent sur le parti à prendre. La première résolution fut : celle de rester dans la salle malgré la défense du roi. Il fut convenu qu’avant l’ouverture de la séance nous circulerions dans les groupes de nos collègues pour leur annoncer ce qui allait se passer sous leurs yeux et ce qu’il fallait y opposer. Mais, dit quelqu’un, le vœu de douze à quinze personnes pourra-t-il déterminer la conduite de douze cents députés ?… Il lui fut répondu que la particule on a une force magique ; nous dirons : voilà ce que doit faire la cour, et parmi les patriotes on est convenu de telles mesures. On signifie quatre cents comme il signifie dix. L’expédient réussit. Le roi retiré, on discuta ce qu’il fallait faire. Sieyes dit avec son énergie laconique : Vous êtes aujourd’hui ce que vous étiez hier ; je parlai sur la nécessité de maintenir ce qu’avait fait l’Assemblée, malgré les ordres intimés par la cour. Cet avis, développé par d’autres orateurs, devint le vœu général, et la cour eut la honte de voir mépriser ses injonctions insolentes.

La réunion des ordres étant consommée, je fus élu secrétaire à la presque unanimité, avec Mounier, Sieyes, Lalli-Tollendal, Clermont-Tonnerre, Chapelier ; ces deux derniers ont péri tragiquement, et Mounier de mort naturelle. Le respectable Pompignan, archevêque de Vienne, était président. Un jour que parlant avec ma vivacité na-