Page:Mémoires de Grégoire, ancien évêque de Blois.djvu/472

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de Vienne voudrait rivaliser avec elle ; mais les nouveaux trésors littéraires dont la bibliothèque nationale s’enrichit journellement, lui assureront bientôt l’incontestable privilège d’être la première du monde connu.

L’opération préliminaire au travail de la bibliographie française était l’envoi des catalogues de toutes les bibliothèques ; grâce à quelques hommes lettrés, quelques administrations satisfirent aux dispositions textuelles du décret, mais la plupart n’exécutèrent rien, ou exécutèrent mal.

Elles n’exécutèrent rien, par la négligence d’administrateurs qui, sans doute, ne négligeaient pas de percevoir leur traitement ; et beaucoup de livres en proie aux insectes et à la poussière éprouvèrent des dégradations sensibles. D’autres causes se joignirent à cette première : divers départemens, dans le cercle desquels se trouvaient de vastes bibliothèques, craignaient qu’on ne les leur enlevât ; ils aspiraient à leur possession exclusive. Vous reconnaissez là cet esprit d’égoïsme, ou plutôt de fédéralisme, qui se fait centre, qui s’isole, et qui est un crime. Ce qui est national n’est à personne en particulier, mais à tous. L’intérêt public paraît s’opposer à ce qu’on déplace, à ce qu’on dépèce certaines collections qui, outre la valeur intrinsèque des ouvrages, ont un mérite résultant de la manière dont ces collections sont assorties : telle est celle de Schpœfling à Strasbourg. Quoi qu’il en soit, les bibliothèques de Strasbourg, de Lille, de Perpignan, par exemple, n’appartiennent pas plus à ces communes que leurs fortifications ; les citoyens de Brest, de Dunkerque, de Besançon, y ont autant de droit qu’elles, et le tout est la pro-