Page:Mémoires de Grégoire, ancien évêque de Blois.djvu/71

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soir coûtait à la nation ? juste deux sous ; car je soupais avec deux oranges. Aussi, je n’ai pas dépensé tout mon argent : voyez ce que je rapporte au trésor public… »

Il montrait, nouée dans le coin d’un mouchoir, la petite somme épargnée sur ses frais de voyage, et se glorifiait naïvement de sa patriotique économie.

Nous demandons grâce pour ces détails à nos habiles administrateurs ; ils doivent leur sembler bien puérils et bien niais.

Rentré dans le sein de la Convention, après six mois d’absence, Grégoire, en qualité d’ancien président, remplaçait momentanément Mallarmé au fauteuil, le 31 mai, lorsque les sectionnaires vinrent présenter une adresse pour obtenir la proscription des Girondins.

Dans sa réponse, Grégoire s’efforça de rappeler les citoyens à l’union, gage du salut de la patrie ; mais en même temps il s’exprima avec force sur les soupçons que répandaient contre la population parisienne les Girondins et leurs amis dont il désapprouvait les principes.

« Citoyens, disait-il, la liberté est dans les crises de l’enfantement ; une constitution popu-