Page:Mémoires de Louise Michel.djvu/113

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Mourons donc, misérables que nous sommes, et que s’effondrent sur nous nos monstrueuses erreurs, jusqu’à la dernière ; et que la race humaine se déploie et vive où l’on égorgeait le troupeau humain.

Salut à l’humanité libre et forte qui ne comprendra pas comment si longtemps nous avons végété pareils à nos aïeux des cavernes, ne dévorant plus la chair les uns des autres (nous ne sommes plus assez forts), mais dévorant leur vie.

Est-ce qu’aujourd’hui les multitudes ne s’effondrent pas dans des hécatombes et des misères sans nombre pour le bon plaisir de quelques-uns, avec cette seule différence du temps de nos aïeux que c’est plus en grand.

Est-ce que les peuples ne sont pas taillés comme des moissons ? En taillant les chaumes, on secoue le grain sur la terre pour le printemps séculaire ; chaque goutte de sang des croisements humains bout dans nos veines ; c’est dans cette tourmente que viendra le renouveau.

Si la Révolution qui gronde sous la terre laissait quelque chose du vieux monde, ce serait toujours à recommencer ! Elle s’en ira donc pour toujours la vieille peau de la chrysalide humaine. Il faut que le papillon déploie ses ailes, qu’il sorte saignant de sa prison ou qu’il crève.