Page:Mémoires de Louise Michel.djvu/136

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doutais bien que c’était vous qui aviez pris mon livre ! Gardez-le, petit mauvais sujet !

On découvrit dans l’Histoire d’Hélène bien d’autres choses ! Chacun n’est-il pas, dès l’enfance, capable en bien et en mal de tout ce qui se trouve dans ses cordes ?

Ce qui me toucha le plus, c’est que je n’avais plus besoin de cacher le livre pour rêver sur les nomenclatures mystérieuses que je m’imaginais contenir le savoir humain, comme si ce qui va toujours en avant pouvait être renfermé dans quoi que ce soit. L’Histoire d’Hélène fut mon dernier ouvrage en caractères d’imprimerie. Personne, à la maison, n’écrivant bien et aussi pour me laisser moins de temps à occuper comme il me plaisait, j’allai chaque jour à l’école du village.

L’instituteur se nommait Michel sans être mon parent. — Combien j’en ai rencontré de Michel !

J’eus bientôt trouvé moyen, tout en m’appliquant, de faire des méchancetés.

Lorsque monsieur le maître, comme nous disions, du haut de son grand fauteuil de bois, la chaire, avait bien recommandé d’écrire exactement les dictées, j’avais soin d’ajouter à ce qui devait être écrit tout ce qui n’était pas destiné à l’être. Cela faisait quelque chose de ce genre :