Page:Mémoires de Louise Michel.djvu/137

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« Les Romains étaient les maîtres du monde (Louise, ne tenez pas votre plume comme un bâton ; — point virgule), — mais la Gaule résista longtemps (Virginie, tenez-vous droite) à leur domination. (Les enfants du haut de Queurot, vous venez bien tard ; — un point. Ferdinand, mouchez-vous. — Les enfants du moulin, chauffez-vous les pieds). — César en écrivit l’histoire, etc. »

J’ajoutais même des choses que monsieur le maître ne disait pas, ne perdant pas une minute, griffonnant avec zèle.

J’aurais été aussi peu sensible à la colère de monsieur le maître qu’aux reproches ordinaires, s’il ne m’eût dit froidement : Si l’inspecteur voyait ça, vous me feriez casser !

Une grande tristesse tomba toute froide sur moi ; je ne trouvai rien à répondre, même quand il me défendit de lui apporter désormais des feuilles de roses pour son tabac.

Sèches en hiver, fraîches en été, c’était moi qui les lui apportais toujours : il aimait à en mettre dans la tabatière d’écorce de cerisier, fermée de ce petit couvercle qu’on tire par une lanière de cuir.

Le lendemain, ma dictée était irréprochable ; mais pendant plus de huit jours, sous l’œil sévère de monsieur le maître, je tournai dans la poche