Page:Mémoires de Louise Michel.djvu/164

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j’allai en reconnaissance malgré mes camarades. Un obus tombant à travers les arbres me couvrit de branches fleuries que je partageai entre deux tombes, celle de Mlle Poulin et celle de Murger dont le génie semblait nous jeter des fleurs.

— Sacré mille tonnerres ! me dit un de mes camarades. Vous ne bougerez plus de là.

Et ils me firent asseoir sur un banc près de la tombe de Cavaignac.

Mais rien d’entêté comme les femmes ; du reste, je n’étais pas la seule à vérifier d’étranges calcul de probabilités, et moi comme les camarades, nous ne pouvions avoir meilleure occasion. L’obus tombait toujours avant ou après que nous étions passés.

Une autre encore de la rue Hautefeuille ; c’était une toute petite, toute fluette personne, donnant des leçons de musique et qui aurait pu en donner de bien d’autres choses. Elle marchait comme dans un rythme, tout était harmonie en elle… Et d’autres et toujours d’autres qui, heureusement, sont encore vivantes.

Bien des choses avaient leur foyer rue Hautefeuille : outre les cours gratuits de l’instruction élémentaire, les écoles professionnelles, les lectures aux mères de famille, un cours de jeunes gens où j’eus un grand nombre de ces pauvres