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enfants qui, trop jeunes, travaillent tout le jour ou qui n’avaient jamais été en classe.

Les premiers groupements du Droit des femmes avec Mmes Jules Simon, André Léo, Maria Deraismes se réunissaient souvent à l’école professionnelle de la rue Thévenot. Tout commençait, ou plutôt recommençait, après la longue léthargie de l’Empire. Au fond de tout cela l’idée des révolutionnaires russes m’entraînait.

Au Droit des femmes, comme partout où les plus avancés d’entre les hommes applaudissent aux idées d’égalité des sexes, je pus remarquer, comme je l’avais toujours vu avant et comme je le vis toujours après, que malgré eux et par la force de la coutume et des vieux préjugés les hommes auraient l’air de nous aider, mais se contenteraient toujours de l’air. Prenons donc notre place sans la mendier. Les droits politiques sont déjà morts. L’instruction à égal degré, le travail rétribué pour les états de femme, de manière à ne pas rendre la prostitution le seul état lucratif, c’est ce qu’il y avait de réel dans notre programme.

Aujourd’hui le temps a marché, il faut pour tout la grande débâcle. Oui, les Russes ont raison, l’évolution est finie, il faut la révolution ou le papillon mourrait dans sa tunique de nymphe.