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Page:Mémoires de Louise Michel.djvu/169

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amena et vint s’établir avec moi. Elle était brisée.

Avez-vous lu les légendes du Nord ? On eût dit une des nornes, tant elle passait sans bruit. Pâle, ses longs cheveux blancs attachés par une longue aiguille antique, quelque chose de fatidique l’enveloppait.

C’est qu’au fond de sa vie il y avait une légende héroïque.

Rien de plus charmant que ce caractère doux et fier à la fois !… Morte aussi !


Pauvre mère ! elle eut avec moi bien peu de jours paisibles. Quand elle vint à Montmartre, toute brisée de la mort de ma grand’mère, la Révolution arrivait, je la laissais seule de longues soirées ; après, ce furent des jours, puis des mois, des années. Pauvre mère ! pourtant je l’aimais tant que je ne serai heureuse qu’en allant la retrouver dans la terre où l’on dort.

Est-ce que nos mères à nous peuvent être heureuses ?

Par quelques paroles échappées, je compris combien de sacrifices s’étaient imposés les pauvres femmes pour payer l’externat de Montmartre.

Dans la fermentation de la fin de l’Empire,