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Page:Mémoires de Louise Michel.djvu/175

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15 août 70.

Nous disions : En avant ! Vive la République !
Tout Paris répondra, tout Paris soulevé,
Se souvenant enfin, Paris fier, héroïque,
Dans son sang généreux de l’Empire lavé.
Voilà ce qu’on croyait ; la ville fut muette.
Je vois encor ce jour dans la brume au lointain.
Chaque volet se ferme et la rue est déserte.
Sur nos braves amis, on criait ; Aux Prussiens !


Oui, dans Paris, frémissant des crimes de l’Empire, dans Paris qui devait répondre : Vive la République ! il se fit un grand silence.

Tous les volets se fermèrent, laissant désert le boulevard de la Villette, et autour de la voiture où Eudes et Brideau étaient prisonniers, on criait : Aux Prussiens !

C’est que toujours Paris fût trompé par ce précepte étrange d’attendre, pour entraver les crimes et laver les hontes, que tout soit achevé, et qu’on ait entassé hontes et crimes jusqu’au ciel.

Quand nos amis furent condamnés à mort pour avoir voulu proclamer la République avant que Bonaparte eût achevé son œuvre, on nous chargea, André Léo, Adèle Esquiros et moi, de porter