Page:Mémoires de Louise Michel.djvu/179

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où l’on voyait les faces pâles des Bretons, sur la place où se faisaient des trouées.

Oui, c’est vous, sauvages d’Armor, sauvages aux blonds cheveux, qui avez fait cela ; mais vous, du moins, vous êtes des fanatiques et non des vendus.

Vous nous tuez ! Mais vous croyez devoir le faire et nous vous aurons un jour pour la liberté. Vous y apporterez la même conviction farouche, et avec nous vous monterez à l’assaut du vieux monde.

Razoua commandait les bataillons de Montmartre.

Aucun coup de fusil ne fut tiré du côté du peuple avant les décharges des Bretons. Mais alors ceux qui s’étaient rangés autour du square de la Tour-Saint-Jacques s’indignèrent, les balles pleuvaient toujours, on commença à construire une barricade.

Un vieux dont la capote était trouée de balles et qui n’y songeait guère, un vieux de juin 48, Malézieux, se rappelait ces jours-là et dominait la situation, comme drapé, le brave, dans son drapeau de Juin.

Au milieu de la place, perdue dans ma pensée, je regardais les fenêtres maudites, songeant : Vous serez à nous, bandits.