Page:Mémoires de Louise Michel.djvu/197

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

développent et qu’ils produisent. C’est cette moisson-là qui croîtra en gerbes merveilleuses.


Là-bas dans l’ombre tiède d’une nuit de printemps, c’est le reflet rouge des flammes, c’est Paris s’allumant aux jours de Mai.

Cet incendie-là, c’est une aurore ; je la vois encore en écrivant ceci.

Par delà notre temps maudit viendra le jour où l’homme, conscient et libre, ne torturera plus ni l’homme ni la bête. Cette espérance-là vaut bien qu’on s’en aille à travers l’horreur de la vie.

J’oublie toujours que j’écris mes Mémoires. Si l’on pouvait aussi, jusqu’au bout, oublier l’existence !

Avant de parler de ma troisième arrestation (aux jours de Mai), je dois raconter les premières.


C’était au temps du siège, avec Mme André L… Nous avions fait appel à des volontaires pour aller, à travers tout, à Strasbourg agonisante, et tenter un dernier effort ou mourir avec elle. Les volontaires en grand nombre étaient venus. Nous traversions Paris en longue file, criant : À Strasbourg ! À Strasbourg ! Nous allâmes signer sur le livre ouvert sur les genoux de la statue, et de là à l’Hôtel de Ville où nous fûmes arrêtées,