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Page:Mémoires de Louise Michel.djvu/201

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chère femme ; il me fallut bien des mensonges pour la décider ; elle finissait toujours par me croire.

J’obtins ainsi qu’elle retournât chez elle.

C’était près du chemin de fer de Montmartre, au bastion 37 ; là était le dépôt des prisonniers.

Les fragments de papiers brûlés, venant de l’incendie de Paris, arrivaient jusque-là comme des papillons noirs.

Au-dessus de nous, flottait, en crèpe rouge, l’aurore de l’incendie.

On entendait toujours le canon, on l’entendit jusqu’au 28. Et jusqu’au 28 nous disions : La Révolution va prendre sa revanche.

Nous comptons toujours, naïfs que nous sommes, sans la trahison.

À ce bastion, devant le grand carré de poussière où nous étions parqués, sont les casemates sous un tertre de gazon vert.

Là, à l’arrivée de M. de Gallifet, on fusilla devant nous deux malheureux qui se débattaient, ne voulant pas mourir.

Sortis pour nous insulter peut-être, ils avaient été pris dans la rue et ne s’en étaient pas beaucoup tourmentés, sûrs, disaient-ils, d’être mis en liberté.

Le discours de M. de Gallifet, l’ordre de tirer