Page:Mémoires de Louise Michel.djvu/200

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

les unes ni les autres, nous n’aimons pas à nous salir les pattes. Peut-être sommes-nous un peu de la race féline.

Trois cent mille voix avaient élu la Commune.

Quinze mille environ, pendant la Semaine sanglante, soutinrent le choc d’une armée. On compta à peu près trente-cinq mille fusillés ; mais ceux qu’on ignore ? Il y a des jours où la terre rend ses cadavres.

Les femmes, aux jours de Mai, élevèrent et défendirent la barricade de la place Blanche. Elles tinrent jusqu’à la mort.

L’une d’elles, Blanche Lefebre, vint me voir comme en visite à la barricade du Delta. On croyait encore vaincre.

Une insurrection gagne bien. Mais la Révolution était saignée au cou par le vieux renard Foutriquet, général d’armée de Versailles.

Dombrowski passa devant nous, triste, allant se faire tuer. — C’est fini, me dit-il !

Je lui répondis : — Non, non. Et il me tendit les deux mains.

J’échappais toujours à tout, je ne sais comment ; enfin, ceux qui voulaient m’avoir emmenèrent ma mère pour la fusiller, si on ne me trouvait pas. J’allai la faire mettre en liberté en prenant sa place. Elle ne voulait pas, la pauvre