Page:Mémoires de Louise Michel.djvu/218

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Élisabeth de Ghi, devenue Mme Langlais, mourut sur le navire pendant le voyage de retour Elle eût aimé à revoir Paris ; on était loin encore quand, entre deux coups de canon, on glissa par les sabords son corps au fond de l’eau.

Marie Schmidt, la brave, est morte l’an dernier à l’hospice de la rue de Sèvres ; elle avait été, en 1871, ambulancière et soldat. Le travail est rare au retour et la misère tue vite.

Dormez en paix, les vaillantes, sous les cyclones, sous les flots ou dans la fosse commune ; vous êtes les heureuses !

Des vivantes, je ne dis rien. Pourtant elles luttent rudement le combat de la vie contre les jours sans travail, c’est-à-dire sans pain. La déportation aura, comme le voyage, son histoire à part dans ce livre.

De celles de Cayenne, deux sont mortes : Élisabeth Retif, pauvre et simple fille qui avait bien su relever les blessés sous les balles, mais qui ne comprit jamais que qui que ce soit y pouvait trouver du mal.

Salut aux mortes obscures qui ont souffert pour ceux qui viendront après nous, sans que l’horizon lointain secouât dans leur ombre, en gerbes d’étoiles, les éblouissements de l’aurore !

Quand je parlerai des survivants de la lutte, de