Page:Mémoires de Louise Michel.djvu/219

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l’exil et de la déportation, je dirai le courage de Mme Lemel, pendant le combat et là-bas ; cela ne lui fera pas de tort ; car, où elle travaille, ils sont tout un nid de forçats de la Commune et repris de la justice versaillaise.

Dans les détails qui suivront, je parlerai seulement de ceux à qui on ne dira pas :

— Ah ! vous venez du bagne pour la Commune ! Eh bien, allez, il n’y a plus de travail chez moi pour vous.

Cela s’est vu, cela se voit souvent.

Je revois le voyage sur la Virginie, le navire à pleines voiles et les grands flots. Je revois dans leurs détails les sites de là-bas.

À la presqu’île Ducos, demeurant au bord de la mer, près de la forêt ouest, éternellement on entendait le flot battre les récits ; autour de nous, les sommets crevassés des montagnes d’où, pendant les grandes pluies, des torrents se versent avec bruit ; au couchant, le soleil disparaissant dans les flots.

Dans la vallée, des niaoulis aux troncs blancs se tordent, ayant sur leurs feuilles argentées une phosphorescence.

De l’autre côté de la montagne, c’est Numbo avec ses maisons en terre que les lianes entourent d’arabesques ; de loin, à voir leurs groupes ca-