Page:Mémoires de Louise Michel.djvu/227

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.


XVII


J’appris en même temps l’amnistie et la maladie de ma pauvre mère qui venait d’avoir une attaque.

La nostalgie la tuait ; si je n’étais revenue elle mourait à cette époque.

Maintenant je l’ai moi-même couchée dans son cercueil, comme Marie et avec elle.

L’une dans mon châle rouge, l’autre dans une douce couverture qu’elle aimait (rouge aussi). Ainsi elles sont pour l’éternel hiver de la tombe et on me demande si je m’occupe de la liberté et du printemps qui refleurit les branches.

Suis-je lâche d’avoir enfermé mon cœur sous la terre ? Non, puisque je resterai debout jusqu’au dernier instant.

L’hiver qui suivit notre retour, Ferré fut transporté de la place où il était depuis dix ans dans la tombe de sa famille.