Page:Mémoires de Louise Michel.djvu/244

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grand soleil, briller comme un reproche leurs yeux devenus énormes et toujours doux,

Les couvées d’oiseaux sont pour les enfants qui les torturent ; s’ils échappent, les raquettes sont tendues à l’automne, le long des sentiers du bois ; ils y meurent, pris par une patte et voletants, désespérés jusqu’à la fin.

Et les vieux chiens, les vieux chats, j’en ai vu jeter aux écrevisses. Si la femme qui jetait la bête était tombée dans le trou, je ne lui aurais pas tendu la main.

J’ai vu, depuis, les travailleurs des champs traités comme des bêtes et ceux des villes mourir de faim ; j’ai vu pleuvoir les balles sur les foules désarmées.

J’ai vu les cavaliers défoncer les rassemblements avec les poitrines de leurs chevaux ; la bête, meilleure que l’homme, lève les pieds de peur d’écraser, fonce à regret sous les coups.

Oh ! les géorgiques et les églogues trompent sur le bonheur des champs ! Les descriptions de la nature sont vraies, le bonheur des travailleurs des champs est un mensonge.

La terre ! Ce mot est tout au fond de ma vie, dans la grosse histoire romaine à images, où M. Laumont (le petit) avait appris à lire à toute la famille, des deux côtés.