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Page:Mémoires de Louise Michel.djvu/253

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pour établir une ambulance au château de la Muette.

Ceci revient à une impression, celle des rapprochements. Empoignée par l’idée, je n’ai nul mérite à mépriser un danger auquel je ne songe pas, , saisie du tableau, je regarde et me souviens.

Je ne suis pas la seule éprise des diverses situations d’où se dégage la poésie de l’inconnu.

Il me souvient d’un étudiant qui, sans être le moins du monde de nos idées (il est vrai qu’il était encore moins de l’autre côté), vint faire le coup de feu avec nous à Clamart et au moulin de Pierre, avec un volume de Baudelaire dans sa poche.

Nous en avons lu quelques pages avec grand plaisir — quand on avait le temps de lire.

Je ne sais ce que la destinée lui a gardé, nous avons fait ensemble l’épreuve d’une double chance, assez drôle : en prenant le café au nez de la mort, qui avait, à la même place, frappé de suite trois des nôtres, les camarades impatientés de nous voir là nous firent retirer ; cela leur semblait fatal. Alors un obus tomba, brisant les tasses vides.

C’était surtout une nature de poète : il n’y eut là nulle bravoure ni de sa part ni de la mienne. Est-ce que c’était bravoure quand, les yeux charmés, je regardais le fort démantelé d’Issy