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taine lumière, à ce bonheur dont nous sommes avides et que nul ne peut avoir dans les circonstances actuelles.

Je ne sais quel poète disait :


Tout homme a dans son cœur un pourceau qui sommeille.


Il n’y a qu’un mot à changer pour que ce soit vrai.


Tout homme a dans son cœur un monstre qui sommeille.


La bête noire, ce n’est pas le même monstre, mais chacun de nous sent revivre parfois le type ancestral qui domine sa lignée à travers des millions de millions de siècles de transformations et de révolutions.

Est-ce la bête à laquelle on ressemble, est-ce la bête qu’on aime ? L’une est peut-être l’autre. Pour moi, tigre, lion ou chat, j’aime la race féline ; j’aime surtout les grands fauves ; c’est pourquoi, si je suis jamais libre, j’irai là où sont les fauves de l’Ouest, et je leur parlerai de la Révolution. Ceux-là aussi, les brigands, sentent parfois en eux revivre la sauvage lignée ancestrale ; ils croient autrement que nous, mais ils croient ! Entre fanatiques nous verrons.

Avec ceux-là on risque une balle ou un coup