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de poignard, mais ils ne vous salissent pas ; la mort est propre.

Une vie isolée ne peut être intéressante qu’autant qu’elle tient aux multitudes de vies qui l’ont environnée ; les foules seules, avec chaque être libre dans l’ensemble immense, sont quelque chose maintenant.

C’est pourquoi, de plus en plus, les associations basées sur des rites ou entravées par des rites quelconques, n’iront pas même jusqu’au jour où se lèvera la seule association viable, celle de l’humanité révolutionnaire : elles n’y assisteront que pareilles à des spectres.

Pendant la démarche courageuse des francs-maçons, en 1871, j’éprouvai l’impression d’une assemblée de fantômes se dressant sur les remparts devant les royalistes égorgeurs de la Révolution : c’était grand et froidement beau comme ce qu’on éprouve devant les morts.

Plus tard, en Calédonie, sous le rajeunissement de la sève des tropiques, je revis des francs-maçons ; ils me parurent animés d’un grand désir du progrès et se donnant la peine d’y prendre part : c’était là où le soleil est chaud.

En Hollande, depuis (dans la mère patrie des braves), il m’a semblé que la franc-maçonnerie subissait le rajeunissement du printemps.