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Page:Mémoires de Louise Michel.djvu/268

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Passez, passez, ô nuits profondes.
Émiettez-vous, ô vieux monts ;
Des cachots, des tombes, des ondes.
Proscrits ou monts nous reviendrons.

Nous reviendrons, foule sans nombre ;
Nous viendrons par tous les chemins,
Spectres vengeurs sortant de l’ombre,
Nous viendrons, nous serrant les mains,
Les uns dans les pâles suaires,
Les autres encore sanglants,
Pâles, sous les rouges bannières,
Les trous des balles dans leurs flancs.

Tout est fini ! Les forts, les braves,
Tous sont tombés, ô mes amis,
Et déjà rampent les esclaves,
Les traîtres et les avilis.
Hier, je vous voyais, mes frères,
Fils du peuple victorieux,
Fiers et vaillants comme nos pères,
Aller, la Marseillaise aux yeux.

Frères, dans la lutte géante,
J’aimais votre courage ardent,
La mitraille rouge et tonnante,
Les bannières flottant au vent.
Sur les flots, par la grande houle,
Il est beau de tenter le sort ;
Le but, c’est de sauver la foule,
La récompense, c’est la mort.

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