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VI


Puisque je suis en train de liquider plusieurs choses, avant d’aller plus loin, je veux parler une dernière fois, une fois pour toutes, du courage dans les prisons, et en finir avec l’héroïsme ! Il n’y a pas d’héroïsme, il n’y a que le devoir et la passion révolutionnaire dont il ne faut pas plus faire une vertu qu’on n’en ferait une de l’amour ou du fanatisme.

Quant à moi, mon séjour dans les prisons est facile comme il le serait à toute autre institutrice.

La solitude repose, surtout quand on a passé une grande partie de sa vie à avoir toujours besoin d’une heure de silence sans la trouver jamais, si ce n’est la nuit. C’est le cas d’un grand nombre d’institutrices. Et encore, la nuit, dans ces circonstances-là, on se dépêche de penser, de se sentir vivre, de lire, d’écrire, d’être un peu un être libre. À la dernière leçon on se sentait devenir la bête surmenée, mais la bête encore