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Page:Mémoires de Louise Michel.djvu/317

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vous ! » Et l’ombre noire des factionnaires, debout sous le grand clair de lune, passait sur les cimes.

Après les choses ridicules, il y eut les choses odieuses : les déportés privés de pain. Un malheureux, qui ne jouissait même pas de toutes ses facultés, fut visé comme on aurait fait d’un lapin, parce qu’il rentrait un peu après l’heure dans sa concession.

Quelques lettres que j’avais pu faire passer en fraude — on ne s’en privait pas sous Aleyron et Ribourt — me furent rendues au moment où on me demandait une histoire de la déportation, histoire qui ne pouvait être faite qu’à l’aide de nos documents à tous ; en voici deux :


Presqu’île Ducos, 9 juin 1875.
Chers amis,

Voici les pièces officielles du transfèrement dont je vous ai parlé.

Transfèrement auquel nous n’avons consenti qu’après qu’il eût été fait droit à nos protestations : 1o sur la forme dont l’ordre avait été donné ; 2o sur la manière dont nous habitions ce nouveau baraquement.

Il est de fait, qu’occuper un coin ou l’autre de la presqu’île nous est fort indifférent, mais nous ne pouvions supporter l’insolence de la première affiche, et nous devions poser des conditions et ne consentir au changement de résidence qu’une fois les conditions remplies.

C’est ce qui fut fait.