Page:Mémoires de Louise Michel.djvu/342

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ceux qui habitaient à l’ombre de ce banian, dans les fentes du rocher émietté par places.

Dans cette poussière blanche sont de gros vers blancs, à cornes pareilles à celles du renne et une sorte de bourgeons noirs ; j’en ai vu de tout enveloppés comme des cercueils, j’en ai vu de plus ou moins ouverts, sans pouvoir surprendre si c’est la première étape de la mouche-feuille, la phyllis des naturalistes. Une seule fois j’ai vu la mouche-fleur, je ne crois pas qu’elle ait été encore signalée.

Si l’alcool ne nous eût été interdit, j’aurais pu conserver des insectes ; il y en a de curieux, d’uniques peut-être, surtout dans les fentes du rocher dont je viens de parler, et dans les tas de poussière formés soudainement par l’effondrement d’un niaouli séculaire. On a quelquefois cette chance à la forêt Nord.

Dans celle de l’Ouest, les niaoulis sont moins communs ; c’est sur les pentes des hauteurs qui couronnent Numbo qu’on en voit le plus à la presqu’île de Ducos. Leurs branches, éplorées sous le grand clair de lune, se lèvent comme des bras de géants, pleurant sur l’asservissement de la terre natale.

Par les nuits obscures, les niaoulis dégagent une phosphorescence.