Page:Mémoires de Louise Michel.djvu/360

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grandeur, douce chez le poète, fière chez le vieux lutteur, éclairait ces deux visages d’une superbe lumière, et tous deux ressemblent au vieil Homère.

Avez-vous vu de vieux lions couchés vous regardant ? Il y a dans ces fauves doux et forts quelque chose de ces grands vieillards.

Le rocher dont je parlais tout à l’heure et sur lequel, entre deux lignes de laves qui l’encadrent comme une page de deuil, j’ai gravé là-bas des vers d’Hugo, atteste, par le nombre de pierres différentes qui y ont été pressées à l’état incandescent et dont quelques-unes, plus vite refroidies, ont gardé pure leur essence, que les terres de la Nouvelle-Calédonie ont subi les révolutions géologiques qui ont fait émerger des sommets nouveaux ou conservé en partie ceux du continent qu’elles disloquaient.

Comme l’Australie et la Nouvelle-Zélande, la Calédonie dut tenir à l’Asie ; peut-être que les îles plus petites et plus rapprochées de la Polynésie ont émergé, mais, à coup sûr, certaines échancrures de baies, certains arrachements de montagnes qui, d’une seule en ont formé deux, qu’on pourrait rejoindre comme les deux parties les plus incontestablement soudées autrefois, attestent les tourments du sol calédonien. En