Aller au contenu

Page:Mémoires de Louise Michel.djvu/376

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

à Sydney, ils firent le trajet sur le pont, s’abritant du froid comme ils purent dans une caisse. Dans les régions froides où le vent soufflait rude et glacé, ils se serraient l’un contre l’autre, regrettant probablement le chaud soleil de leur patrie ; mais avec une sorte de compréhension qu’ils devaient s’abstenir de manifestations bruyantes, ni là, ni sur le John-Helder, où après être entrés en contrebande, pressés tous les cinq dans une cage à perroquet, ils passèrent toute la traversée attachés comme des chiens au rayon qui formait mon lit, ils ne poussèrent pas une plainte, se contentant de me caresser tristement.

Mais une fois à Londres, autour d’une énorme jatte de lait apportée par les amis devant le feu, ils commencèrent à s’allonger en bâillant, et là seulement le gros chat rouge et la vieille noire exprimèrent leurs impressions sans doute peu favorables au bateau anglais. Quant aux trois petits ils regardaient le feu avec adoration.

Le Figaro et autres feuilles drolatiques, au lieu de prendre beaucoup de peine pour prêter à mon retour des épisodes burlesques, auraient mieux fait d’ouvrir les yeux assez pour voir que Marie, Jules Vallès et moi, nous avions quelque chose sous les bras en guise de portefeuilles.