Page:Mémoires de Louise Michel.djvu/399

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Si, comme toute notre race, il y a en nous encore de la bête humaine, ce n’est pas la bête qu’on exhibe, le boniment est faux ; c’est en quoi fait défaut la prudence des serpents qui sifflent sur le même cratère où rauquent les lions, attendant que la lave nous emporte.

Une chose me frappa en Angleterre, et je l’ai dit de suite, c’est le soin avec lequel dans quelques workhouses, Lambeth par exemple, on ouate le nid immense où la vieille Albion entasse la misère, pour qu’elle la laisse attendre dans son île, confortablement située pour cela, que le reste de l’Europe ait fait sa révolution. Alors, n’imitant pas les bêtises qu’elle a vu faire aux autres, elle fera tout d’une seule fois. Albion se lèvera soudain, secouera la poussière de sa robe blanche et allumera le feu sacré, où les vents du large l’activeront au lieu de l’éteindre et en feront une aurore.

Pour que leurs institutions surannées durent plus longtemps, les Anglais les réchauffent de l’enthousiasme des femmes. Des femmes dirigent les workhouses ; il y aura des femmes au Parlement.

Mais les branches vertes du vieil arbre ne peuvent rajeunir le tronc pourri ; elles produiront des feuilles et des fleurs tant qu’elles pourront