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Page:Mémoires de Louise Michel.djvu/401

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XII


Des fragments constituent ce chapitre ; ce sont des conférences diverses. Voici d’abord une lettre que j’adressais au journal le Citoyen :


Phrase historique :

« On ne doit pas laisser les cochons s’engraisser. »

Décidément le Gaulois n’en a pas pour son argent ; car en rétablissant ma phrase (écrite aux trois quarts, je l’avoue) il l’a faite presque polie, tandis que, dans mon intention, elle était pire que l’offense.

Offense faite, du reste, par les amis d’un certain personnage, qui disent qu’on attaque leur maître chaque fois qu’on prononce le nom de l’animal en question et crient au crime de lèse-majesté.

Encore s’expriment-ils grossièrement, tandis que nous employons le mot parlementaire de sanglier domestique !

Mais, tandis que les repus sont en train de digérer, n’oublions pas ceux qui ont faim et froid, les vaillants qui ont empêché en 1871 le retour de l’Empire et qui sont sans travail et sans asile sur le pavé glacé.

Des citoyennes dévouées parlent de former, au moyen d’une conférence monstre, un établissement de bouillon qui durerait jusqu’en mars prochain, et où chaque amnistié trouverait chaque jour un repas qui l’empêcherait de mourir de faim.

Qu’on ajoute une ou deux centaines de familles ou d’hommes seuls qui donneraient à coucher jusque-là à un amnistié sans