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XIII


J’arrive au procès de Lyon, pour affiliation à l’Internationale, qu’on sait ne plus exister.

Au procès de Lyon, je songeais, en regardant M. Fabreguettes, le profil anguleux, le bras levé avec la manche large qui remonte, la parole acerbe, je songeais à une gravure devant laquelle j’ai souvent rêvé dans mon enfance et qui représente le grand inquisiteur Thomas de Torquemada.

À mon procès, je songeais l’Éloge de la folie d’Érasme.

Les marottes manquaient, mais le son des grelots tintait à l’oreille.

Les jurés hébétés, affolés du réquisitoire où il leur avait été dit que, s’ils ne me condamnaient pas, leurs boutiques ne seraient pas en sûreté ; cette idée burlesque de m’accuser d’avoir ri sur une porte ; les petits jeunes gens venus pour m’insulter et dont quelques-uns, cependant,