Page:Mémoires de Louise Michel.djvu/417

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Et puis, la sinistre pécore des vieux clichés réactionnaires voit, par delà notre époque tourmentée, les temps où l’homme et la femme traverseront ensemble la vie, bons compagnons, la main dans la main, ne songeant pas plus à se disputer la suprématie que les peuples ne songeront à se dire chacun le premier peuple du monde ; et c’est bon de regarder en avant.

Plusieurs semaines après le procès de Lyon, il me semblait que j’eusse été complice d’une lâcheté, si je n’employais pas la liberté qu’on me laissait, je ne savais pourquoi, à appeler, au lieu de l’Internationale morte, une nouvelle et immense Internationale debout d’un bout de la terre à l’autre.

Cela, je l’avais dit et fait ouvertement. On ne m’en a pas dit un mot à mon jugement ; c’était convenu que j’avais ri sur une porte, un jour que le peuple demandait du travail, et que ma mère m’avait suppliée d’attendre qu’elle fût morte pour aller aux manifestations.

Pendant que certains reporters causaient avec moi dans une maison où je n’étais pas, d’autres me voyaient en partie de plaisir au Bois où je n’étais pas non plus. J’habitais dans les familles de mes amis Vaughan et Meusy, d’où je me rendais, vêtue en homme, chez ma pauvre mère.