Page:Mémoires de Louise Michel.djvu/418

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J’aurais pu, sous ce costume, ne pas quitter Paris, ou emmener ma mère à l’étranger.

J’aurais pu, même, continuer à faire de la propagande. Combien de fois suis-je allée dans les réunions d’où les femmes sont exclues ! Combien de fois, au temps de la Commune, suis-je allée, en garde national ou en lignard, à des endroits où on n’a guère cru avoir affaire à une femme !

Quand vous lirez ceci, amis qui, à ce moment-là, m’avez donné l’hospitalité comme à un membre de la famille, souvenez-vous bien que je regrettais de vous tant tourmenter ; mais il fallait me rendre avant le jugement ; c’est pour nous surtout que nous devons être implacables. Les mensonges étaient trop honteux !

Et vous, Louise et Augustine, souvenez-vous, mes grandes, que vous l’avez senti et que vous m’avez dit : Vous avez raison ! Moi, je ne l’oublie pas, je sais que vous serez ainsi toujours.

S’il faudra du courage à vos frères pour les choses qu’ils verront, il vous en faudra cent fois davantage.

Il faut aujourd’hui, qu’où les hommes pleureraient, les femmes aient les yeux secs.

Et vous, les petites et les petits, croyez-vous que je vous oublie ?

Si Paul et Marius sont un jour ce que je crois