Page:Mémoires de Louise Michel.djvu/433

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mauvaises qu’on détruit ; en ne mettant pas la peste là d’où on ôte le choléra. Mais en assainissant.

Si les femmes des prisons font horreur, moi c’est la société qui me dégoûte !

Qu’on ôte d’abord le cloaque. Quand la place sera nette sous le soleil, personne n’y enfoncera plus dans l’ordure.

Jeunes filles aux voix douces et pures, en voici de votre âge aux voix rudes et cassées. C’est qu’on ne vit pas comme elles vivent, sans boire pour s’étourdir, pour oublier qu’on vit.

Saint-Lazare ! Écoutez, jeunes filles qui n’avez jamais quitté vos mères ; il y a ici des enfants comme vous, des enfants de seize ans. Mais celles-là, ou elles n’ont pas de mères ou leurs mères n’ont pas le loisir de veiller sur elles.

Les pauvres ne peuvent pas garder près d’eux leurs petits, ni prendre le temps de veiller leurs morts.

Elles sont pâles, flétries ; c’est pour vous garder des attaques de ceux qui, disent les imbéciles, se jetteraient sur vous si leur faim de chair fraîche ne trouvait pas à se repaître dans la rue sur la fille du peuple.

On appelle ça de l’égalité et de la justice !

Un coup d’œil sur l’une des plus terribles misères humaines, afin que ce ne soit pas la plainte