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les portent vivent encore ! Je m’arrête, mais la page restera.

Voici la dernière lettre de Théophile Ferré.


Maison d’arrêt cellulaire de Versailles, no 6.
Mardi 28 novembre 1871, 5 h. 1/2 matin.
Ma bien chère sœur,

Dans quelques instants je vais mourir ; au dernier moment, ton souvenir me sera présent ; je te prie de demander mon corps et de le réunir à celui de notre malheureuse mère ; si tu le peux, fais insérer dans les journaux l’heure de mon inhumation, afin que des amis puissent m’accompagner, bien entendu, aucune cérémonie religieuse ; je meurs matérialiste comme j’ai vécu.

Porte une couronne d’immortelles sur la tombe de notre mère.

Tâche de guérir mon frère et de consoler notre père ; dis-leur bien à tous deux combien je les aimais.

Je t’embrasse mille fois et te remercie des bons soins que tu n’as cessé de me prodiguer ; surmonte ta douleur et, comme tu me l’as souvent promis, sois à la hauteur des événements ; quant à moi, je suis heureux, j’en vais finir avec mes souffrances, et il n’y a pas lieu de me plaindre.

Tout à toi,
Ton frère dévoué,
Th. Ferré.

Tous mes papiers, mes vêtements et autres objets, doivent être rendus, sauf l’argent du greffe que j’abandonne aux détenus plus malheureux.

Th. Ferré


Je crois devoir donner quelques fragments des journaux de 28 juin 1882, sur les obsèques de Marie.