Page:Mémoires de Louise Michel.djvu/451

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

C’était vite fait de désorganiser ces réunions de lâcheurs de luttes et de lécheurs de sang.

Ils flairaient d’avance le sang des vaincus, et revinrent à leur heure (l’heure des chacals) ; il leur faut la proie morte ou liée.

Je crois avoir toujours, avec la lettre de Marie, la dernière qui me fut envoyée de sa cellule de Versailles, avant qu’on ne m’ait fait partir pour Arras, d’où je fus ramenée comme je l’ai raconté. Le 29 novembre au matin, au même instant où Marie venait chercher le corps du fusillé, nous eûmes la consolation de nous rencontrer.

Je ne crois pas qu’aucune perquisition m’ait enlevé ces papiers, mais les amis n’aiment pas les remuer, nous tous étant morts ou prisonniers, et je leur laisse ce sentiment de tristesse sans le heurter.

Je dirai seulement que, dans cette lettre, Ferré, au lieu de s’attendrir sur lui-même, regardait, par-dessus le fleuve de sang de 71, la Liberté se lever à l’horizon lointain.

Où donc êtes-vous tous, ô mes amis ?

Si ce livre trouve Burlot dans ses forêts du Morvan, et le vieux brave Louis Moreau, je ne sais dans quel coin du monde, eux aussi se souviendront.

Je m’aperçois que j’écris des noms et ceux qui