Page:Mémoires de Louise Michel.djvu/454

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naient lentement ; ses forces la trahirent, la mort vient de nous l’enlever à la fleur de l’âge.

« Adieu, Marie, dors auprès de ta pauvre mère, auprès de ton frère mort pour la liberté. »

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« L’histoire, dit Jules Allix, associera au souvenir de Théophile Ferré le grand et sublime dévouement de sa sœur Marie, dont nous saluons ici la vie simple et grande.

« Frêle et douce comme les femmes, elle était forte comme les plus courageux d’entre les hommes.

« Salut à toi, Marie Ferré ! Ton souvenir vivra malgré le soin que tu prenais à te cacher toi-même ; et nous, les suppliciés, nous, les bannis et les proscrits, nous te faisons ici cortège, pour jusqu’au jour où nous glorifierons nos martyrs, morts pour féconder la liberté.

« La foule qui se presse autour de ta tombe, chère citoyenne au grand cœur, fait plus que tous les discours le panégyrique de ta vie,

« Honneur à toi, Marie Ferré ! Puisse-t-on imiter ton exemple, afin qu’au lieu du martyre on ait le triomphe. Vive la République ! Vive la Révolution ! »

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« En 71, dit le citoyen Dereure, Marie Ferré qui s’était levée de son lit pour marcher à la prison, avait sa mère morte, son frère fusillé, son père et son second frère prisonniers.

« Rendus à la liberté, seule entre ces tombes sanglantes et ces prisons, elle veillait avec un courage surhumain sur ces morts et sur ceux qui lui restaient. »


Quelques mots de Louise Michel et d’Émile Gautier terminent la douloureuse séance.

« Citoyens, c’est sur le cœur même de la Révolution que nous remettons la pierre de cette tombe : Souvenons-nous, souvenons-nous !

« Vous avez bien dit, Louise, termine Émile